CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 16/09/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Mulus [le surmulet1identificationSelon D’Arcy Thompson 1947, 268, le mullus du latin est la τρίγλη du grec (cf. Arist. 591 a 12-13), que Louis 1969, 10, traduit par « trigle ». Ces deux termes désignent le rouget, dont on distingue deux espèces répandues sur nos côtes : l’une est le rouget-barbet de vase (Mullus barbatus Linné, 1758), que l’on trouve communément en Méditerranée, l’autre, plus grand, est le rouget-barbet de roche ou surmulet (Mullus surmuletus Linné, 1758), qui vit sur la côte française de l’océan Atlantique, dans la Manche et la mer du Nord. C’est par le terme de surmulet que De Saint-Denis 1955, 58, traduit le mullus de Pline, né dans « l’océan Septentrional ». Cependant, De Saint-Denis 1947, 69, avait posé la question d’une possible distinction faite déjà par les Anciens entre ces deux rougets. De fait, Pline (Plin. nat. 9, 64) – repris par Thomas de Cantimpré, cité dans le premier paragraphe de ce chapitre –, distingue plusieurs espèces de mulli dont il ne donne pas les noms, en fonction de ce qu’ils mangent : le « limon » ne serait-il pas la nourriture du Mullus barbatus (sur le rouget-barbet de vase, cf. encore André 1986, 196, n. 364) ? Thomas de Cantimpré et Albert le Grand consacrent tous deux un paragraphe au mulus et un autre au mullus, y donnant respectivement à peu près les mêmes informations et s’inspirant, pour le mulus, de Pline et, pour le mullus, d’Isidore de Séville (textes cités infra). Or, le mullus de ces deux encyclopédistes est distingué du mulus par Stadler, cité par Kitchell & Resnick 1999, 1691 et n. 221, et identifié comme le grey mullet (le Mugil chelo Cuvier, 1829, aussi nommé Chelon labrosus Risso, 1827, c’est-à-dire mulet à grosses lèvres). De son côté, De Saint-Denis, dans l’ouvrage cité plus haut, a soutenu que le mullus de Pline ne pouvait pas être un mulet. L’incertitude est donc totale et il est difficile de dire si Thomas de Cantimpré et Albert le Grand distinguaient clairement les deux poissons.]>

Source : TC, De mullo (7, 57).
2. Renvoi interne : Mullus, ch. 78.
Lieux parallèles : VB, De mullo? (17, 69-70) ; HS, Mulus vel mullus (4, 61).
3. [α] Plin. nat.9, 642sources« Seul l’océan Septentrional, dans sa partie la plus occidentale, produit des mulets. Il en existe du reste plusieurs sortes ; car ils se nourrissent d’algues, d’huîtres, de limon et de la chair des autres poissons […] On appelle “mulet de vase” l’espèce la plus vile. »
82. [α] Le surmulet est un poisson qui ne vit que dans l’océan Septentrional, dans sa partie occidentale, et il en existe de nombreux types : l’un se nourrit d’algues, d’huîtres et de vase et n’est pas très renommé ; mais l’autre se nourrit de ce qui pousse sur le rivage à l’air libre, il change de couleur3explicationL’adjectif uarius renvoie à un autre passage de Pline, dans lequel celui-ci décrit le changement de couleur qui se produit à la mort du poisson ; il est donc mentionné ici hors contexte., et c’est un poisson très délicat et renommé.

Notes d'identification :

1. Selon D’Arcy Thompson 1947, 268, le mullus du latin est la τρίγλη du grec (cf. Arist. 591 a 12-13), que Louis 1969, 10, traduit par « trigle ». Ces deux termes désignent le rouget, dont on distingue deux espèces répandues sur nos côtes : l’une est le rouget-barbet de vase (Mullus barbatus Linné, 1758), que l’on trouve communément en Méditerranée, l’autre, plus grand, est le rouget-barbet de roche ou surmulet (Mullus surmuletus Linné, 1758), qui vit sur la côte française de l’océan Atlantique, dans la Manche et la mer du Nord. C’est par le terme de surmulet que De Saint-Denis 1955, 58, traduit le mullus de Pline, né dans « l’océan Septentrional ». Cependant, De Saint-Denis 1947, 69, avait posé la question d’une possible distinction faite déjà par les Anciens entre ces deux rougets. De fait, Pline (Plin. nat. 9, 64) – repris par Thomas de Cantimpré, cité dans le premier paragraphe de ce chapitre –, distingue plusieurs espèces de mulli dont il ne donne pas les noms, en fonction de ce qu’ils mangent : le « limon » ne serait-il pas la nourriture du Mullus barbatus (sur le rouget-barbet de vase, cf. encore André 1986, 196, n. 364) ? Thomas de Cantimpré et Albert le Grand consacrent tous deux un paragraphe au mulus et un autre au mullus, y donnant respectivement à peu près les mêmes informations et s’inspirant, pour le mulus, de Pline et, pour le mullus, d’Isidore de Séville (textes cités infra). Or, le mullus de ces deux encyclopédistes est distingué du mulus par Stadler, cité par Kitchell & Resnick 1999, 1691 et n. 221, et identifié comme le grey mullet (le Mugil chelo Cuvier, 1829, aussi nommé Chelon labrosus Risso, 1827, c’est-à-dire mulet à grosses lèvres). De son côté, De Saint-Denis, dans l’ouvrage cité plus haut, a soutenu que le mullus de Pline ne pouvait pas être un mulet. L’incertitude est donc totale et il est difficile de dire si Thomas de Cantimpré et Albert le Grand distinguaient clairement les deux poissons.

Notes de source :

2. « Seul l’océan Septentrional, dans sa partie la plus occidentale, produit des mulets. Il en existe du reste plusieurs sortes ; car ils se nourrissent d’algues, d’huîtres, de limon et de la chair des autres poissons […] On appelle “mulet de vase” l’espèce la plus vile. »

Notes d'explication :

3. L’adjectif uarius renvoie à un autre passage de Pline, dans lequel celui-ci décrit le changement de couleur qui se produit à la mort du poisson ; il est donc mentionné ici hors contexte.