CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Tygnus [le thon1identificationLes termes tignus ou tygnus désignent le thon (Thunnus thynnus Linné, 1758). Les formes attestées en latin classique sont thynnus et thynnis, idis (pour la femelle). Cf. De Saint-Denis, 1947, 113. Albert le Grand réduit à un seul les trois chapitres consacrés au thon par Thomas de Cantimpré (6, 50 ; 6, 51 et, peut-être, 6, 52).]>

Source : TC TC, De tygnis maris De tygnis Ponti (6, 50 6, 51).
Lieux parallèles : VB, De thynno (17, 132-133) ; HS, Tigruis et trittae (4, 96), Thynnus (4, 97).
2. [α] Plin. nat.9, 472sources« Venant de la Méditerranée, ils entrent dans le Pont en bancs, au moment du printemps, et ne se reproduisent pas ailleurs. »
[β] Plin. nat.9, 515sources« Ils attendent que souffle l’Aquilon afin de sortir du Pont avec les courants favorables. »
124. Le thon est un animal marin. Ce monstre a une queue de deux coudées de large. [α] Il met bas ses petits dans la mer, et jamais sur terre ; il sort cependant parfois sur le rivage pour se nourrir3explicationLes thons ne sortent pas sur la terre pour se nourrir, mais ces remarques en apparence fantaisistes et celles qui suivent découlent sans doute d’une description du mode de migration des thons en Méditerranée. Ils se rapprochent effectivement de la côte qu’ils longent toujours dans la même direction. C’est selon cette observation que l’on a construit les pêcheries fixes (madragues) pour les capturer.. Il entre sur la rive par la droite4sourcesLes termes intrat ripam, peu clairs, sont déjà chez Thomas de Cantimpré. et en sort sur la gauche ; c’est parce qu’il y voit mieux de l’œil droit que du gauche. [β] Ces animaux sortent plus volontiers lorsque souffle l’Aquilon qu’à n’importe quel autre moment.
3. [γ] Plin. nat.9, 516sources« C’est un plaisir étonnant de voir, depuis le poste de gouvernail, ces mêmes poissons qui, souvent, accompagnent les bateaux qui naviguent à la voile, pendant plusieurs heures et sur plusieurs milles ; même un trident qu’on leur lance ne suffit pas à les effrayer. »
[δ] Plin. nat.9, 537sources« On pêche les thons depuis le lever des pléiades jusqu’au coucher d’Arcturus. Pendant le reste de l’hiver ils restent cachés au fond des gouffres, à moins qu’ils ne soient invités à sortir par la tiédeur de l’air ou par la pleine Lune. Ils engraissent tant qu’ils se fendent. Ils vivent au plus deux ans. »
[ε] Plin. nat.8, 728sources« L’Éthiopie donne naissance à des lynx nombreux, partout présents, des sphinx à la fourrure rousse, avec deux mamelles sur la poitrine, et à de nombreuses autres créatures semblables à des monstres. »
[ζ] Sol. coll.52, 4110sources« Il y a de très nombreux thons dans le Pont Euxin, et ils ne se reproduisent presque pas ailleurs. Nulle part en effet ils ne se développent plus rapidement, sans doute à cause des eaux qui sont plus douces. Ils y entrent au printemps. Ils y pénètrent par la droite, en sortent par la gauche : cela se produit, croit-on, parce qu’ils voient mieux de l’œil droit que du gauche. »
[γ] Selon Pline, ils suivent les navires parce qu’ils sont curieux de voir les voiles, et sont si interdits, tout à leur fascination, qu’ils fuient à peine si on leur lance un trident. [δ] En hiver, ils restent cachés. Ils engraissent sans modération, si bien qu’ils meurent le plus souvent dans leur troisième ou quatrième année. [ε] En Éthiopie, selon Solin, les tigni sont des animaux de couleur foncée qui nourrissent leur petits grâce à deux mamelles pendant sur leur poitrine9explicationLe texte d’Albert, via Thomas de Cantimpré, résulte d’une confusion à partir d’une notice de Plin. nat. 8, 72 sur les animaux d’Éthiopie : Lyncas, uulgo frequentes, et sphingas, fusco pilo, mammis in pectore geminis, Aethiopia generat multaque alia monstri similia, « L’Éthiopie donne naissance à des lynx nombreux, partout présents, des sphinx à la fourrure rousse, avec deux mamelles sur la poitrine, et à de nombreuses autres créatures semblables à des monstres ». L’indication est reprise mais déjà déformée par Sol. coll. 27, 58 : Inter simias habentur et sphinges, vilosae comis, mammis prominulis ac profundis, « Parmi les singes, il y a aussi des sphinx à l’épaisse fourrure, aux longues mamelles profondes ».. [ζ] Il ajoute que le tignus naît dans le Pont-Euxin parce que ses eaux sont plus douces que celles des autres mers ; et s’il entre dans un fleuve, il y pénètre du côté droit et en sort par la gauche.

Notes d'identification :

1. Les termes tignus ou tygnus désignent le thon (Thunnus thynnus Linné, 1758). Les formes attestées en latin classique sont thynnus et thynnis, idis (pour la femelle). Cf. De Saint-Denis, 1947, 113. Albert le Grand réduit à un seul les trois chapitres consacrés au thon par Thomas de Cantimpré (6, 50 ; 6, 51 et, peut-être, 6, 52).

Notes de source :

2. « Venant de la Méditerranée, ils entrent dans le Pont en bancs, au moment du printemps, et ne se reproduisent pas ailleurs. » | 

4. Les termes intrat ripam, peu clairs, sont déjà chez Thomas de Cantimpré. | 

5. « Ils attendent que souffle l’Aquilon afin de sortir du Pont avec les courants favorables. » | 

6. « C’est un plaisir étonnant de voir, depuis le poste de gouvernail, ces mêmes poissons qui, souvent, accompagnent les bateaux qui naviguent à la voile, pendant plusieurs heures et sur plusieurs milles ; même un trident qu’on leur lance ne suffit pas à les effrayer. » | 

7. « On pêche les thons depuis le lever des pléiades jusqu’au coucher d’Arcturus. Pendant le reste de l’hiver ils restent cachés au fond des gouffres, à moins qu’ils ne soient invités à sortir par la tiédeur de l’air ou par la pleine Lune. Ils engraissent tant qu’ils se fendent. Ils vivent au plus deux ans. » | 

8. « L’Éthiopie donne naissance à des lynx nombreux, partout présents, des sphinx à la fourrure rousse, avec deux mamelles sur la poitrine, et à de nombreuses autres créatures semblables à des monstres. » | 

10. « Il y a de très nombreux thons dans le Pont Euxin, et ils ne se reproduisent presque pas ailleurs. Nulle part en effet ils ne se développent plus rapidement, sans doute à cause des eaux qui sont plus douces. Ils y entrent au printemps. Ils y pénètrent par la droite, en sortent par la gauche : cela se produit, croit-on, parce qu’ils voient mieux de l’œil droit que du gauche. »

Notes d'explication :

3. Les thons ne sortent pas sur la terre pour se nourrir, mais ces remarques en apparence fantaisistes et celles qui suivent découlent sans doute d’une description du mode de migration des thons en Méditerranée. Ils se rapprochent effectivement de la côte qu’ils longent toujours dans la même direction. C’est selon cette observation que l’on a construit les pêcheries fixes (madragues) pour les capturer. | 

9. Le texte d’Albert, via Thomas de Cantimpré, résulte d’une confusion à partir d’une notice de Plin. nat. 8, 72 sur les animaux d’Éthiopie : Lyncas, uulgo frequentes, et sphingas, fusco pilo, mammis in pectore geminis, Aethiopia generat multaque alia monstri similia, « L’Éthiopie donne naissance à des lynx nombreux, partout présents, des sphinx à la fourrure rousse, avec deux mamelles sur la poitrine, et à de nombreuses autres créatures semblables à des monstres ». L’indication est reprise mais déjà déformée par Sol. coll. 27, 58 : Inter simias habentur et sphinges, vilosae comis, mammis prominulis ac profundis, « Parmi les singes, il y a aussi des sphinx à l’épaisse fourrure, aux longues mamelles profondes ».