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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.<Multipes [la pieuvre1identificationMultipes (traduction du grec πολύπους) et polippus, autrement graphié polypus (translittération latine du même mot), sont deux synonymes qui désignent le « poulpe » de Pline. Une rubrique est cependant consacrée à chacun des deux termes, comme dans l’œuvre de Thomas de Cantimpré. Si ce dernier n’établit pas de lien entre les deux chapitres, Albert le Grand précise que le polippus est aussi appelé multipes. Cette division vient peut-être du texte d’Isidore de Séville. Cf. Isid. orig. 12, 6, 44 : Polypus, id est multipes ; plurimos enim nexus habet. Iste ingeniosus hamum appetens brachiis conplectitur, non morsu, nec prius dimittit quam escam circumroserit, « Le polypus (poulpe) ou “multipattes” : il a en effet de très nombreuses tentacules. Il saisit habilement l’hameçon, l’enveloppe de ses bras sans y mordre et ne le lâche pas avant d’avoir rongé l’appât tout autour ». Pline, en revanche, ne décrit que le polypus, que De Saint-Denis 1947, 89, traduit par « poulpe » ou « pieuvre », car les deux termes sont employés l’un pour l’autre en français. L’animal décrit dans les deux chapitres est donc probablement l’Octopus vulgaris Cuvier, 1797, pourvu de tentacules vigoureux avec deux rangées de ventouses et qu’on trouve dans les biotopes rocheux. Au contraire, Aristote (Arist. HA 525 a 16-18) avait distingué le poulpe « musqué », qui, contrairement à tous les autres céphalopodes, n’a qu’une rangée de ventouses. Louis 1964, 117, n. 3, a identifié ce poulpe avec l’élédone musquée (Eledone muschata Lamarck, 1798), « genre de mollusques céphalopodes voisin des poulpes, qui vit dans les trous des rochers ». Pour le relevé des sources, et notamment des sources grecques, cf. D’Arcy Thompson 1947, 204-208.]>
[β] Arist. HA, 544 a 7 MS5sources« […] Et la tête du mâle est plus longue que celle de la femelle. Et quand la femelle a pondu ses œufs, elle s’asseoit sur eux et sa chair est mauvaise à cette période parce qu’elle ne se nourrit pas et ne se rassasie pas. »
[γ] Plin. nat.9, 185
79. [α] Le poulpe est un poisson qu’on appelle en grec polipes parce qu’il a de nombreuses pattes, huit précisément ; et c’est comme si huit serpents étaient attachés à une seule tête ; il appartient au genre des seiches. À son sujet nous avons dit, dans les livres précédents2sourcesDA, 5, 1, 39. Albert le Grand emploie le terme nidificat, sans plus d’explications. Plusieurs passages parlent de la reproduction de la pieuvre., qu’il construit un nid de branchages et y dépose ses œufs3explication L’indication erronée sur le nid de branchages vient de TC 7, 53 : et inter ceteros pisces nidum sibi struit ex surculis. Cette indication de Thomas est sans doute une glose du verbe nidificat employé par Michel Scot dans sa traduction d’Aristote sans autre précision (Arist. HA 544 a 7). Le poulpe ne construit pas de nid mais suspend ses œufs au plafond du creux rocheux qu’il habite et, de son corps, il en protège l’entrée. ; ceux-ci s’agglutinent pour former une boule de la taille d’une noix4explicationLes poulpes pondent des œufs englobés dans une masse muqueuse qui a sans doute été prise pour l’œuf lui-même., et, quand ils ont été couvés, ils se divisent et deviennent de nombreuses petites pieuvres. [β] La femelle de ce poisson a une tête plus petite que le mâle et, quand elle couve, elle s’affaiblit car elle ne se nourrit pas6explicationLa femelle du poulpe meurt après la ponte, non pour les raisons supposées par Thomas de Cantimpré et reprises par Albert le Grand, même s’il est vrai que la femelle ne s’alimente pas lorsqu’elle protège ses œufs, mais parce qu’elle est arrivée au terme de sa vie (deux ans environ) au moment de la ponte.. [γ] La langouste [karabo], qui est la sauterelle de mer, craint la pieuvre, car celle-ci l’emporte sur elle en ruse et en force.
Notes d'identification :
1. Multipes (traduction du grec πολύπους) et polippus, autrement graphié polypus (translittération latine du même mot), sont deux synonymes qui désignent le « poulpe » de Pline. Une rubrique est cependant consacrée à chacun des deux termes, comme dans l’œuvre de Thomas de Cantimpré. Si ce dernier n’établit pas de lien entre les deux chapitres, Albert le Grand précise que le polippus est aussi appelé multipes. Cette division vient peut-être du texte d’Isidore de Séville. Cf. Isid. orig. 12, 6, 44 : Polypus, id est multipes ; plurimos enim nexus habet. Iste ingeniosus hamum appetens brachiis conplectitur, non morsu, nec prius dimittit quam escam circumroserit, « Le polypus (poulpe) ou “multipattes” : il a en effet de très nombreuses tentacules. Il saisit habilement l’hameçon, l’enveloppe de ses bras sans y mordre et ne le lâche pas avant d’avoir rongé l’appât tout autour ». Pline, en revanche, ne décrit que le polypus, que De Saint-Denis 1947, 89, traduit par « poulpe » ou « pieuvre », car les deux termes sont employés l’un pour l’autre en français. L’animal décrit dans les deux chapitres est donc probablement l’Octopus vulgaris Cuvier, 1797, pourvu de tentacules vigoureux avec deux rangées de ventouses et qu’on trouve dans les biotopes rocheux. Au contraire, Aristote (Arist. HA 525 a 16-18) avait distingué le poulpe « musqué », qui, contrairement à tous les autres céphalopodes, n’a qu’une rangée de ventouses. Louis 1964, 117, n. 3, a identifié ce poulpe avec l’élédone musquée (Eledone muschata Lamarck, 1798), « genre de mollusques céphalopodes voisin des poulpes, qui vit dans les trous des rochers ». Pour le relevé des sources, et notamment des sources grecques, cf. D’Arcy Thompson 1947, 204-208.
Notes de source :
2. DA, 5, 1, 39. Albert le Grand emploie le terme nidificat, sans plus d’explications. Plusieurs passages parlent de la reproduction de la pieuvre. |
5. « […] Et la tête du mâle est plus longue que celle de la femelle. Et quand la femelle a pondu ses œufs, elle s’asseoit sur eux et sa chair est mauvaise à cette période parce qu’elle ne se nourrit pas et ne se rassasie pas. »
Notes d'explication :
3. L’indication erronée sur le nid de branchages vient de TC 7, 53 : et inter ceteros pisces nidum sibi struit ex surculis. Cette indication de Thomas est sans doute une glose du verbe nidificat employé par Michel Scot dans sa traduction d’Aristote sans autre précision (Arist. HA 544 a 7). Le poulpe ne construit pas de nid mais suspend ses œufs au plafond du creux rocheux qu’il habite et, de son corps, il en protège l’entrée. |
4. Les poulpes pondent des œufs englobés dans une masse muqueuse qui a sans doute été prise pour l’œuf lui-même. |
6. La femelle du poulpe meurt après la ponte, non pour les raisons supposées par Thomas de Cantimpré et reprises par Albert le Grand, même s’il est vrai que la femelle ne s’alimente pas lorsqu’elle protège ses œufs, mais parce qu’elle est arrivée au terme de sa vie (deux ans environ) au moment de la ponte.