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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.<Scuatina [l’ange de mer1identificationLes squatinidés ou anges de mer, dont fait partie l’ange de mer commun (Squalus squatina Linné, 1758), appartiennent à la famille des squales, de même que la raie, avec laquelle ils partagent certaines similitudes dans l’apparence (corps plat, très larges nageoires pectorales). La forme particulière de leurs nageoires, semblables à des ailes, est à l’origine de leur nom. Ce poisson a pour principale caractéristique d’être ovovivipare, c’est-à-dire que la femelle ne pond pas, mais conserve les œufs fécondés en son sein jusqu’à leur éclosion. C’est un redoutable prédateur, qui se dissimule sur le fond de la mer et saute sur les proies qui passent à sa portée. Voir De Saint-Denis 1947, 108-109 ; D’Arcy Thompson 1947, 222.]>
[β] Plin. nat.9, 405sources« […] <Certains> ont une peau dure, comme l’ange, avec laquelle on polit le bois et l’ivoire […]. »
111. L’ange de mer est un poisson de mer [α] que les Allemands appellent « chiot de mer2explicationAucun terme allemand évoquant un chien ne correspond à l’ange de mer. Seehund désigne le phoque. Quant au canis marinus des latins, c’est un petit requin. Sur ce problème, nous renvoyons à Kitchell & Resnick 1999, 1699, n. 281. ». Il mesure cinq pieds de long et sa queue, un pied3zoologie Cinq pieds font 1,47 m environ. La taille de l’ange de mer peut atteindre 2,50 m pour 80 kg (cf. Muus et al. 1998, 61).. Ce poisson s’enfouit dans la vase et tue les poissons par surprise4explicationPline compare le mouvement des piquants de leurs nageoires à celui de petits vers (Plin. nat. 9, 144 : simili modo squatina et rhombus abditi pinnas exertas mouent specie uermiculorum, « De la même manière, l’ange et le turbot, dissimulés, agitent leurs piquants qui émergent, comme de petits vers, et les poissons qu’on appelle grenouilles [les baudroies] font de même »). Voir ici Arist. HA 620 b 29-33.. [β] Il a une peau si dure qu’on s’en sert, une fois séchée, pour polir le bois et l’ivoire6explicationL’information est exacte, et l’utilisation de la peau de chien de mer n’a été abandonnée que récemment car l’espèce, en danger d’extinction, est désormais protégée. Il en reste une trace dans le terme « chiennage », lustrage opéré lors de la dorure d’un objet juste avant la pose des feuilles d’or.. Il a le poil court et noir, semblable aux barbes de l’herbe aux foulons7explicationL’allusion aux barbes de la plante incite à reconnaître dans l’herbe aux foulons dont il est ici question la cardère, communément appelée le « chardon au foulon », plutôt que la saponaire officinale, elle aussi couramment désignée comme l’« herbe au foulon ». et si dur8explication Sans doute est-ce la peau du poisson qui est très dure, et non ses « poils ». Cependant, la peau de l’ange de mer est constituée de denticules cutanés qui lui donnent une texture rugueuse. Comme ces écailles sont implantées jusqu’au derme par une racine, cela peut peut-être expliquer l’emploi du terme pilus. qu’on a peine à le couper avec le fer ou l’acier.
Notes d'identification :
1. Les squatinidés ou anges de mer, dont fait partie l’ange de mer commun (Squalus squatina Linné, 1758), appartiennent à la famille des squales, de même que la raie, avec laquelle ils partagent certaines similitudes dans l’apparence (corps plat, très larges nageoires pectorales). La forme particulière de leurs nageoires, semblables à des ailes, est à l’origine de leur nom. Ce poisson a pour principale caractéristique d’être ovovivipare, c’est-à-dire que la femelle ne pond pas, mais conserve les œufs fécondés en son sein jusqu’à leur éclosion. C’est un redoutable prédateur, qui se dissimule sur le fond de la mer et saute sur les proies qui passent à sa portée. Voir De Saint-Denis 1947, 108-109 ; D’Arcy Thompson 1947, 222.
Notes de source :
5. « […] <Certains> ont une peau dure, comme l’ange, avec laquelle on polit le bois et l’ivoire […]. »
Notes d'explication :
2. Aucun terme allemand évoquant un chien ne correspond à l’ange de mer. Seehund désigne le phoque. Quant au canis marinus des latins, c’est un petit requin. Sur ce problème, nous renvoyons à Kitchell & Resnick 1999, 1699, n. 281. |
4. Pline compare le mouvement des piquants de leurs nageoires à celui de petits vers (Plin. nat. 9, 144 : simili modo squatina et rhombus abditi pinnas exertas mouent specie uermiculorum, « De la même manière, l’ange et le turbot, dissimulés, agitent leurs piquants qui émergent, comme de petits vers, et les poissons qu’on appelle grenouilles [les baudroies] font de même »). Voir ici Arist. HA 620 b 29-33. |
6. L’information est exacte, et l’utilisation de la peau de chien de mer n’a été abandonnée que récemment car l’espèce, en danger d’extinction, est désormais protégée. Il en reste une trace dans le terme « chiennage », lustrage opéré lors de la dorure d’un objet juste avant la pose des feuilles d’or. |
7. L’allusion aux barbes de la plante incite à reconnaître dans l’herbe aux foulons dont il est ici question la cardère, communément appelée le « chardon au foulon », plutôt que la saponaire officinale, elle aussi couramment désignée comme l’« herbe au foulon ». |
8. Sans doute est-ce la peau du poisson qui est très dure, et non ses « poils ». Cependant, la peau de l’ange de mer est constituée de denticules cutanés qui lui donnent une texture rugueuse. Comme ces écailles sont implantées jusqu’au derme par une racine, cela peut peut-être expliquer l’emploi du terme pilus.