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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.<Aureum vellus [« la toison d’or » : la grande nacre1identificationStadler 1920, 1608, suivi par Kitchell & Resnick 1999, 1662, n. 47, identifie de façon très convaincante l’aureum vellus décrit par Albert le Grand et Thomas de Cantimpré (TC 7, 7) comme étant la grande nacre ou jambonneau hérissé (Pinna nobilis Linné, 1758). C’est le plus grand mollusque bivalve de la Méditerranée, et sa taille peut atteindre un mètre. Il vit à moitié enfoncé dans le sédiment. Il était réputé pour son byssus de couleur brune, d’aspect très fin et soyeux et de grande longueur (20 cm parfois). On tissait autrefois les byssus des grandes nacres pour fabriquer une sorte de soie très légère. Pour ce passage, Thomas de Cantimpré revendique comme source Ambroise, qui évoque, parmi les merveilles créées par Dieu le cinquième jour, la « toison d’or » marine et sa laine inimitable : aureum etiam uellus aqua nutrit et lanam in memorati speciem metalli gignunt litora, cuius colorem nullus adhuc eorum qui fucis diuersis obducunt uellera potuit imitari, adeo naturae maritimae gratiam humana implere nescit industria, « de l’eau provient la toison d’or et les rivages produisent une laine qui a l’apparence du fameux métal, dont nul foulon n’a pu encore imiter la couleur par ses diverses teintures ; ainsi le travail de l’homme ne sait pas égaler la beauté naturelle de la mer » (Ambr. hex. 5, 11, 33).]>
[β] AM
[γ] AM
8. [α] La toison d’or est un animal marin semblable à une éponge et qui appartient à l’espèce des éponges2explicationCette identification zoologique, quoiqu’elle soit inexacte, montre la volonté d’Albert le Grand de mener une réflexion de type zoologique, là où Thomas de Cantimpré glose Ambroise et revient sur les merveilles de la création divine. ; mais elle est plus rare, plus moelleuse, comme de la laine, et sa texture prend l’éclat de l’or, s’étale et se déploie comme une toison ; [β] et tant qu’elle est dans la mer, elle est mue par un mouvement de contraction et de dilatation comme l’éponge3explicationCette observation, inexacte, vient d’Aristote (Arist. PA 681 a 10-20). et il est rare qu’on la trouve. Cependant, la découverte de celle-ci en Phrygie a été la cause de la guerre de Troie entre les Grecs et les Phrygiens [γ] si l’on en croit Darès le Phrygien, dans son Histoire de Troie4explicationLa précision sur la source littéraire est absente du texte de Thomas de Cantimpré. Les premiers chapitres du De excidio Troiae (ve-vie siècles), attribué à Darès le Phrygien, relient directement la guerre de Troie à l’expédition des Argonautes. Hercule et Télamon auraient organisé un raid punitif contre Troie et son roi Laomédon, qui avait refusé l’hospitalité à Jason et à ses compagnons. Priam aurait alors décidé à son tour de venger l’affront subi et la mort de son père. Mais, bien évidemment, la Toison d’or dont il est question dans le récit de Darès le Phrygien n’est pas le byssus du coquillage, mais la peau du bélier Chrysomallos conquise par Jason avec l’aide de Médée..
Notes d'identification :
1. Stadler 1920, 1608, suivi par Kitchell & Resnick 1999, 1662, n. 47, identifie de façon très convaincante l’aureum vellus décrit par Albert le Grand et Thomas de Cantimpré (TC 7, 7) comme étant la grande nacre ou jambonneau hérissé (Pinna nobilis Linné, 1758). C’est le plus grand mollusque bivalve de la Méditerranée, et sa taille peut atteindre un mètre. Il vit à moitié enfoncé dans le sédiment. Il était réputé pour son byssus de couleur brune, d’aspect très fin et soyeux et de grande longueur (20 cm parfois). On tissait autrefois les byssus des grandes nacres pour fabriquer une sorte de soie très légère. Pour ce passage, Thomas de Cantimpré revendique comme source Ambroise, qui évoque, parmi les merveilles créées par Dieu le cinquième jour, la « toison d’or » marine et sa laine inimitable : aureum etiam uellus aqua nutrit et lanam in memorati speciem metalli gignunt litora, cuius colorem nullus adhuc eorum qui fucis diuersis obducunt uellera potuit imitari, adeo naturae maritimae gratiam humana implere nescit industria, « de l’eau provient la toison d’or et les rivages produisent une laine qui a l’apparence du fameux métal, dont nul foulon n’a pu encore imiter la couleur par ses diverses teintures ; ainsi le travail de l’homme ne sait pas égaler la beauté naturelle de la mer » (Ambr. hex. 5, 11, 33).
Notes d'explication :
2. Cette identification zoologique, quoiqu’elle soit inexacte, montre la volonté d’Albert le Grand de mener une réflexion de type zoologique, là où Thomas de Cantimpré glose Ambroise et revient sur les merveilles de la création divine. |
3. Cette observation, inexacte, vient d’Aristote (Arist. PA 681 a 10-20). |
4. La précision sur la source littéraire est absente du texte de Thomas de Cantimpré. Les premiers chapitres du De excidio Troiae (ve-vie siècles), attribué à Darès le Phrygien, relient directement la guerre de Troie à l’expédition des Argonautes. Hercule et Télamon auraient organisé un raid punitif contre Troie et son roi Laomédon, qui avait refusé l’hospitalité à Jason et à ses compagnons. Priam aurait alors décidé à son tour de venger l’affront subi et la mort de son père. Mais, bien évidemment, la Toison d’or dont il est question dans le récit de Darès le Phrygien n’est pas le byssus du coquillage, mais la peau du bélier Chrysomallos conquise par Jason avec l’aide de Médée.